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« De amor, sangre y vientre : politisation des sujets victimisés et la création d’une paix transformatrice en Colombie »

07 mai 2025, Fondation pour le progrès humain - Paris

Le 7 mai 2025 a eu lieu la rencontre avec Diana Gómez pour la présentation du livre « De amor, sangre y vientre : politisation des sujets victimes et gestation d’une paix transformatrice en Colombie »

En mai dernier, Diana Gómez Correal était en France pour une rencontre marquante réunissant militant·es, chercheur·es, survivant·es, juristes et acteur·ices franco-colombien·nes de la paix, autour de son dernier livre : De amor, sangre y vientre. Portée par Miguel Angel Vargas et un consortium d’associations dont l’Institut pour la Paix, cette rencontre a permis d’ouvrir un espace de réflexion sur la recherche de justice et de paix dans un pays marqué par la normalisation des violences.

Lors de cet échange, Diana Gómez nous confiait que l’écriture de ce livre s’était imposée à elle lors de la disparition de son propre père. Alors terrassée de douleur, elle prit part à un groupe activiste de recherche des disparus, avec la ferme volonté de mieux comprendre l’articulation entre violence et émotions dans la construction identitaire des victimes.

Anthropologue de formation, Diana Gómez se tourne ensuite rapidement vers l’analyse intersectionnelle socioéconomique et culturelle de cette construction identitaire. Elle y interroge la portée réelle de la justice transitionnelle dans un pays rongé par les violences multidimensionnelles qui se poursuivent à travers le temps et où l’État censé protéger, continue d’être à la fois complice et initiateur de violences. Aussi s’inquiète-t-elle de la création possible d’un habitus émotionnel propre à la condition de victime, dans un cadre où le traumatisme des violences devient non plus conjoncturel mais structurel. Il en ressort que la construction identitaire des victimes s’ancre dans les pratiques de la vie courante et de leurs ritualisations. L’absence de vie, en particulier, et la souffrance qui l’accompagnent sont, elles aussi, largement ritualisées permettant ainsi l’émergence d’un sentiment fort d’appartenance collective qui se traduit par une quête de justice, symbole de résistance face à l’impunité normalisée et institutionnalisé par l’État.

Enfin, se glissant dans la peau d’une héroïne mythologique rebelle indigène nommée Huitaca, Diana Gómez explore dans ces écrits le thème de l’espoir, central à toute discussion sur la création de la paix. Par cette incarnation, elle redonne sa juste place à la culture et aux mémoires indigènes afro-descendantes marginalisées et trop souvent invisibilisées, pourtant premières victimes des violences du narcotrafic et de l’État.

Ainsi, la pluralité narrative employée par Diana Gómez dans son livre confère à l’ouvrage une dimension unique, permettant d’explorer la contribution scientifique d’une méthodologie guidée et non plus limitée par la réflexivité. En basant son analyse sur sa subjectivité réelle et fantasmée, elle fait ainsi le lien entre souffrance individuelle et collective. Elle démontre la puissance transformatrice des rites et de leur politisation mémorielle, tout en suggérant que la justice transitionnelle doit être pensée non comme une finalité en soi, mais comme une trajectoire de vie individuelle et collective qui transcende les mémoires plurielles en outils à la construction d’une paix durable.

C’est au cœur de cette notion de transcendance que s’ancre l’idée, chère à Diana Gómez, d’un potentiel sacré dans la construction de la paix. Libre à chacun d’y adhérer, mais une chose est certaine: Diana Gómez renouvelle profondément les approches des recherches sur le genre et la paix.

Rapport de séance rédigé par : Clara ETCHENIQUE, Chargée d’appui au séminaire Genre et Paix

Enregistrements audio

  • Diana Gómez
  • Miguel Angel Vargas
  • Jimena Morales-Velasco
  • Laetitia Bracionnier
  • Laura Angulo Quintana
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