L’inscription de « la paix » au programme d’agrégation de philosophie a constiué une occasion précieuse de revisiter cette notion qui traverse l’ensemble de la tradition philosophique. Si la paix demeure un thème classique de la philosophie politique, force est de constater la relative rareté des recherches philosophiques récentes sur cette question en France. Cette absence contraste singulièrement avec la richesse polysémique d’une notion qui refuse toute réduction à une définition univoque. De ce fait, la notion s’apparente à un « Concept essentiellement contesté » (W. B. Gallie). Notion au moins polysémique, la paix, loin de se limiter au registre politique, irrigue des champs disciplinaires multiples. Ses implications théologiques interrogent le rapport entre paix terrestre et paix divine ; ses dimensions ontologiques questionnent l’être-en-paix comme mode d’être fondamental ; ses résonances psychologiques explorent la paix intérieure et l’équilibre mental ; ses enjeux sociologiques engagent les conditions de la cohésion sociale ; ses aspects juridiques, en droit international notamment, impliquent les mécanismes institutionnels de régulation de conflits ; enfin, ses ramifications géopolitiques scrutent les modalités concrètes de résolution des conflits internationaux.
Ces journées d’étude ont précisément interrogé ces apports disciplinaires pour en faire fructifier la richesse conceptuelle au service de la réflexion philosophique. Car c’est bien dans le dialogue interdisciplinaire que peut se déployer toute la fécondité heuristique d’une notion de paix qu’il s’agit de conceptualiser. En effet, au-delà de sa dimension purement descriptive, l’idée de paix véhicule invariablement une charge axiologique positive qui en fait un idéal régulateur de l’action humaine. Cette dimension normative soulève des questions philosophiques essentielles : comment articuler l’aspiration à la paix avec la reconnaissance du conflit comme dimension irréductible de l’existence humaine ? La paix peut-elle constituer plus qu’un simple équilibre provisoire entre forces antagonistes ? Comment penser conceptuellement une paix qui ne soit ni simple cessation des hostilités ni ordre imposé par la contrainte ?
Ces journées d’étude ont eu pour objectif d’offrir aux participants les outils conceptuels nécessaires pour appréhender cette complexité, en croisant les perspectives disciplinaires et en interrogeant les enjeux philosophiques contemporains que soulève la paix.
