Les chercheur.e.s réunis s’intéresseront aux différentes manières de dire le lien à l’autre, humain et non-humain, afin d’interroger ce qui fait lien social, ce qui fait paix – en tant qu’état et non comme l’absence de guerre.
Ils s’appuieront sur des travaux menés sur les savoirs « experts / profanes », les savoirs bioculturels et les relations savoirs-territoires.
La première séance du séminaire GT Paix, Conflits et Environnement mobilisera les savoirs bioculturels et posera, ainsi, les jalons de cet axe.
Issus d’une approche écocentrique, les savoirs bioculturels s’inscrivent dans le pluralisme culturel et s’articulent à la prise en compte de populations (minorités, communautés, peuples autochtones) dont la sauvegarde de la culture résulte de combats historiques et politiques menés dans une perspective décoloniale.
Si la formulation des savoirs bioculturels procède de la volonté d’intégrer les revendications de ces populations en réunissant les conceptions du monde autochtones, locales et modernes, la réception de ces cosmovisions se fait dans le langage et par les outils du libéralisme. Ce cadre interroge les ontologies/rapports au monde dans lesquels s’inscrivent les savoirs ainsi que ceux dans lesquels elles sont reçues :
- Ces savoirs trouvent-ils une place dans les logiques modernes qui permet effectivement la reconnaissance de ces populations ?
- Bien qu’assis culturellement, les savoirs ne sont-ils pas entrepris de manière autonome, pour eux-mêmes, au risque d’un certain détachement des revendications des populations conduisant à une dépolitisation reniant du même coup des décennies de combat politique ?
- Assiste-t-on à l’émergence d’un pluralisme qui accueille, avec les revendications politiques, des conceptions différentes du monde ?
Elise Pic, Doctorante contractuelle à l’Université Paris Nanterre – Chercheuse associée, Université Nationale de Colombie, Coordinatrice du pôle andin Bogota, Institut des Amériques (IdA), présentera les travaux qu’elle a mené en réflexion sur les recherches participatives et les dialogues de savoirs, en particulier lorsqu’ils mettent en contact un monde académique et un univers autochtone.
Les savoirs bioculturels : entre facteur de confrontation épistémique et produit de médiation contextualisée
À partir d’une recherche collective menée en association avec plusieurs co-chercheurs autochtones sur les pratiques et les outils de médiation des conflits en Colombie et de l’étude de certains aspects du droit de la diversité biologique et culturelle, la séance cherchera à penser les dialogues de savoirs en matière environnementale.
S’intéresser aux dialogues implique nécessairement la prise en compte des processus de confrontations et médiations qui innervent probablement toutes les interrelations sociales ; tout comme ceux de prédations et symbioses qui gouvernent le monde des autres vivants.
Les aspects linguistique et rhétorique des discours qui entrent en dialogue permettent d’éclairer les dynamiques prétendument binaires qui retiendront notre attention lors de la séance : savoir scientifique – savoir autochtone ; diversité biologique – diversité culturelle et finalement aussi, confrontation – médiation ; conflit – paix.
Date et lieu du séminaire GT Paix, Conflit et Environnement, axe Savoirs
Le séminaire aura lieu à 14h dans la salle Jean Freyss de la Fondation Charles Léopold Mayer (38 rue Saint Sabin, 75011). Si vous souhaitez participer, merci d’envoyer un mail à Laura Lema Silva à coordination@